Après avoir suivi tous les matches de la première journée, le Groupe d'étude technique a souhaité retenir deux aspects tactiques : l’équilibre offensif affiché par plusieurs équipes et leur capacité à changer de point de pénétration. Ces deux volets sont abordés au cours d’une table ronde animée par Tom Gardner, responsable de l’équipe Analyse des performances et tendances du football de la FIFA. Elle réunit Esteban Cambiasso, Pascal Zuberbühler, Tobin Heath et Roberto Martínez, experts du Groupe d’étude technique.
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Équilibre offensif
Le premier point abordé par les experts concerne « l’équilibre offensif » trouvé par certaines équipes. Il est ici fait référence à ce que l’on appelle parfois la « couverture défensive », c’est-à-dire l’organisation globale d’une équipe qui doit se préparer à défendre lorsqu’elle est en possession du ballon et qu’elle avance dans la moitié de terrain adverse. Depuis le début de la Coupe du Monde des Clubs 2025, plusieurs formations se sont structurées de manière à pouvoir multiplier les offensives tout en étant capables de parer à tout retournement de situation. Pour Esteban Cambiasso, la capacité des défenseurs à déployer un tel dispositif est décisive car elle permet aux attaquants de donner libre cours à leur créativité.
« L’équilibre offensif repose sur la qualité des éléments qui composent la défense. Il s’agit de permettre aux attaquants de pouvoir attaquer en toute sérénité. Car on ne peut pas attaquer en se disant que si je perds le ballon, mon équipe sera peut-être en difficulté. C’est donc aux défenseurs d’imaginer ce qui pourrait se produire si on perd le ballon. »
Pour trouver le bon équilibre offensif, il est impératif de savoir communiquer. Les joueurs qui assurent la couverture défensive doivent sans cesse adapter leur positionnement en fonction de la circulation du ballon dans le dernier tiers. Une mauvaise communication au sein d’une défense l’empêche de faire les ajustements nécessaires. Roberto Martínez estime que les jeunes joueurs sont encore peu sensibilisés à cette composante du jeu défensif.
« Dans les centres de formation, on n’insiste pas assez sur la communication. Pour pouvoir s’adapter à l’adversaire et suivre le ballon, elle est indispensable. Vous seriez surpris par la proportion de joueurs qui, avant d’accéder au plus haut niveau, ne savent pas communiquer, ni comment s’organiser ni anticiper le déroulement d’une action », s’amuse l’ancien sélectionneur de la Belgique. « La maîtrise des concepts tactiques est une chose ; être en mesure de s’entendre avec ses partenaires pour les appliquer en est une autre. »
Changement du point de pénétration
L’autre élément tactique souligné par le Groupe d’étude technique est la propension de certaines équipes à réorienter leurs attaques vers des zones plus dangereuses. De plus en plus d'équipes semblent en mesure de résister à la pression exercée par l’adversaire puis de changer de point de pénétration. Elles savent déjouer un pressing tout en progressant dans les zones où la densité défensive est moindre.
Selon Tobin Heath, plusieurs équipes présentes à la Coupe du Monde des Clubs 2025 sont aptes à résoudre ce type de problème tactique. « De nombreux buts ont été inscrits après un changement du point de pénétration, notamment selon un schéma qui consiste à s’enfoncer dans l’axe, puis à contourner le bloc pour donner lieu à des un contre un et à des permutations côté ouvert. La double vainqueure de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA™ a noté une tendance nette qui consiste à réorienter le jeu depuis une zone encombrée en alertant un latéral du côté laissé exposé par la défense adverse.
« Cela implique que les latéraux se positionnent de manière à prendre l’espace. Lors des premiers matches, on en a vu attendre le ballon dans cette zone, ce qui a eu pour effet de couper l'élan de l’attaque. Quand l’arrière latéral arrive lancé au moment où il prend l’espace, la synchronisation est parfaite.
En regardant les mêmes images, Pascal Zuberbühler rappelle que « la qualité des centres est aussi décisive. Cela fait partie de l’ADN de River Plate. L’exploitation du terrain dans sa largeur est ici exemplaire. L’action se termine sur un ‘sept contre deux’ dans la surface, mais la qualité du centre et la manière dont Facundo Colidio (n°11) monte pour placer sa tête, c’est fantastique. »