Quand de si nombreuses personnes se côtoient pendant plusieurs semaines, l’atmosphère qui règne au sein du groupe peut grandement influer sur le parcours de l’équipe dans la compétition. Dans cet article, l’ex-international allemand Jürgen Klinsmann, qui fait désormais partie du Groupe d'étude technique, évoque l’importance de l’esprit d’équipe. Ancien sélectionneur de l’Allemagne puis des États-Unis, il est bien placé pour savoir que la dynamique collective joue un rôle prépondérant lors des grands événements.
« Nous observons aujourd’hui au niveau des clubs ce qui a toujours existé en Coupe du Monde avec les sélections : les membres d’une équipe doivent rester soudés, accepter les différences et cultiver un état d’esprit positif s’ils veulent garder leur concentration et leur détermination sur une période de quatre semaines. C’est une expérience entièrement nouvelle pour certains qui n'ont jamais eu l’occasion de participer à une Coupe du Monde avec leur pays.
« C’est notamment le cas à Fluminense, qui a atteint le dernier carré alors que la plupart de ses joueurs n’ont jamais disputé le Mondial. Si on prend le Paris Saint-Germain, un garçon comme Khvicha Kvaratskhelia ne jouera peut-être jamais une finale de Coupe du Monde avec son pays, la Géorgie. Mais il sait désormais quel effet ça fait de passer quatre semaines en itinérance avec son équipe, en devant gérer son temps libre pour conserver une condition physique irréprochable et une concentration optimale.
« Chelsea et le PSG ont démontré que le collectif comptait beaucoup plus que la qualité individuelle ou le nombre de superstars, et l'on ne peut que saluer leur esprit d'équipe. »
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Aspect humain
Le rôle de l’entraîneur consiste en grande partie à instaurer une culture collective au sein du groupe, afin que l’apport de chacun soit valorisé, a fortiori dans une configuration ou seulement 11 titulaires et cinq remplaçants – sur un effectif de 26 – peuvent espérer fouler la pelouse à chaque match.
« L’aspect humain revêt une importance capitale, et les deux entraîneurs (Enzo Maresca et Luis Enrique) ont su maintenir une bonne dynamique tant dans le groupe que dans l’encadrement. Il ne s’agit pas uniquement des 25 ou 26 membres de l’effectif, mais aussi des médecins, des administrateurs, des attachés de presse, etc. Aujourd’hui, l’entraîneur d’une équipe de haut niveau doit veiller à ce que toutes ces personnes soient au diapason. Maresca et Enrique ont prouvé qu’ils tenaient compte de l’aspect humain et qu’ils savaient maintenir une atmosphère positive dans leur vestiaire et au-delà. Leur présence en finale n’a donc rien d’étonnant », souligne l’ancien attaquant de la Mannschaft victorieuse de la Coupe du Monde de la FIFA™ en 1990.
Esprit d’équipe et tactique
L’état d’esprit de l’équipe est souvent un facteur de performance primordial, en particulier sous pression. D’après Klinsmann, la rigueur tactique et la condition physique ne servent pas à grand-chose si tout le monde n’est pas sur la même longueur d’onde.
« Tous les entraîneurs – et notamment ceux qui arrivent à amener leur équipe au moins en quarts de finale – savent que l’état d’esprit du groupe est beaucoup plus important que certains aspects comme les détails tactiques ou les qualités techniques de leurs meilleurs éléments. Dans une compétition comme celle-ci, l’abnégation des joueurs, leur faculté à compenser leurs erreurs et lacunes réciproques comptent plus que tout.
« C’est cette alchimie qui doit constituer la priorité pour les entraîneurs. Ils pourront toujours régler les petits problèmes en temps voulu, mais sans cette alchimie, ils ne pourront rien faire. Alors, chapeau à ceux qui parviennent à mettre en place et conserver cette symbiose dans le vestiaire pendant quatre longues semaines. »
Un cercle vertueux
Une formation portée par un fort esprit d’équipe peut devenir très difficile à arrêter. Cet état d’esprit est le fruit de la dynamique collective et de la confiance qui règne entre les joueurs. Klinsmann pense que les spectateurs, en particulier les plus jeunes, y sont très sensibles, même si l’équipe ne va pas au bout. Selon lui, la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2025™ a permis de montrer combien cela pouvait influer sur les aspects technico-tactiques.
« Pour les clubs plus modestes, qui représentent par exemple la Nouvelle-Zélande ou la République de Corée, c’est incroyable d’affronter des grosses cylindrées d’Europe ou d’Amérique du Sud. Cela ne peut que stimuler le développement du football dans ces pays, car l’équipe nationale ne disputera peut-être jamais la Coupe du Monde. La Coupe du Monde des Clubs ouvre donc des perspectives pour des millions d’enfants qui rêvent de briller sur la plus grande scène internationale, même si ça n’est pas avec leur sélection. »