Gardiens : défendre sur les corners

Lors de la Coupe du Monde U-20 de la FIFA, Chili 2025™, le Groupe d’étude technique a constaté que les portiers s’imposaient avec autorité en phase 1 sur les corners défensifs, surtout lorsque le ballon arrivait dans la surface de but ou à ses abords.  

Comme l’explique Pascal Zuberbühler, expert footballistique et spécialiste des gardiens de la FIFA : « Nous voyons que les gardiens sortent davantage lorsqu’il leur est possible d’intervenir sur ces ballons. La zone dans laquelle les gardiens ont vraiment une chance d’arriver en premiers sur le ballon demeure limitée, mais ils se montrent très proactifs, quel que soit le système défensif choisi – individuel, mixte ou en zone. »

Quelle que soit l’organisation défensive choisie par son équipe sur corner, la position de départ du gardien de but reste la même. Le seul élément susceptible de modifier cette position concerne la nature du corner : rentrant ou sortant. Quoi qu’il en soit, les gardiens de but doivent toujours tenir compte de certains principes clés :

• avoir une vue dégagée sur le ballon ;

• évaluer la hauteur du ballon ;

• attendre de bien lire la trajectoire avant d’intervenir ;

• adopter une posture ouverte ;

• adapter sa position de départ selon qu’il s’agit d’un corner rentrant ou sortant ;

• veiller à disposer de l’espace et de la liberté de mouvement nécessaires pour capter ou dévier les ballons arrivant aux abords de la surface de but ;

• s’assurer que chaque coéquipier est bien en place ; et

• communiquer et intervenir au bon moment.

Selon Pascal Zuberbühler  : « Sur les corners rentrants, le gardien se place plus près de sa ligne de but, tandis que sur les corners sortants, il peut s4en écarter légèrement. Par ailleurs, avant que le corner ne soit joué, le gardien doit maintenir une posture ouverte lui permettant de voir le ballon et la zone alentour. C’est un aspect essentiel, car ce positionnement peut même affecter la confiance du tireur, surtout s’il remarque que le gardien contrôle la zone visée.

« Sur les phases arrêtées, le gardien doit prendre les commandes dans sa surface. Il doit veiller à ce que chacun soit à sa place, surtout après un remplacement ou en cas d’imprévu. De nombreuses équipes varient leurs combinaisons offensives sur corner, ce qui oblige la défense à se réorganiser rapidement si besoin. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si nombre d’équipes disposent d’un entraîneur spécialisé dans les phases arrêtées : cela montre bien le travail de préparation qu’elles nécessitent. »

« Les adversaires étudient aussi le gardien afin de cibler ses points faibles. C’est pour cette raison que les phases arrêtées sont essentielles : elles peuvent faire basculer le cours d’un match à tout moment. »  

Il est essentiel de bien s'organiser lorsqu’un adversaire se place près du gardien de l’équipe en défense. Certains portiers voudront gérer eux-mêmes ces situations de un contre un, tandis que d’autres préfèrent qu’un défenseur s’occupe de l’attaquant et l’éloigne du gardien.

Pour Pascal Zuberbühler, d’autres éléments doivent être pris en compte afin que le gardien voie parfaitement le ballon avant l’exécution du corner.

« Si le gardien décide de s’occuper lui-même d’un attaquant proche de lui, il doit malgré tout rester focalisé sur le ballon. Il doit également comprendre pourquoi un joueur se positionne devant ou derrière lui, car cela peut donner des indices sur la trajectoire du ballon, et doit s’assurer que l’attaquant ne limite pas sa liberté de mouvement.

« L’entraîneur des gardiens peut également intervenir s’il remarque qu’un joueur adverse de grande taille se place tout proche du gardien et risque de perturber sa lecture de la trajectoire. Il faut tenir compte de tous ces éléments pour décider qui prend en charge le joueur placé près du gardien. »

Dans la vidéo 1 ci-dessous, le gardien norvégien Einar Fauskanger est marqué par un joueur adverse. Avant que le ballon ne soit botté, il reste près de sa ligne de but, maintient une posture ouverte et a un angle de vue dégagé. Au moment où le corner rentrant est tiré, il attend le bon moment pour contourner son adversaire et se libérer du marquage. 

Selon la stratégie défensive de son équipe, le gardien doit prendre en compte différents facteurs. Pascal Zuberbühler s’appuie sur les séquences ci-dessous pour mettre en lumière les subtilités observées dans les différents systèmes défensifs : marquage individuel, mixte et en zone.

Marquage individuel 
Jusqu’aux huitièmes de finale de la Coupe du Monde U-20 de la FIFA 2025 compris, les gardiens sont arrivés plus souvent en premiers sur le ballon qu’à la Coupe du Monde U-20 de la FIFA, Argentine 2023 quand leur équipe évoluait avec un marquage individuel (+7%). Dans ce type de configuration, le gardien se doit de bien communiquer avec ses défenseurs, notamment lorsqu’un adversaire échappe au marquage ou que l’organisation adverse perturbe la disposition initiale de son équipe.

Dans la vidéo 2, cinq joueurs du Panamá exercent un marquage individuel sur cinq joueurs de la République de Corée tandis qu’un de leurs partenaires se positionne au niveau des six mètres. Un autre défenseur se charge de l’attaquant positionné près de son gardien, ce qui lui permet de contrôler l’espace et de bien voir le ballon.

« C’est crucial, car le gardien dispose d’une vision globale de l’action. Il sait que ses défenseurs marquent tous les adversaires et qu’il peut se focaliser sur le ballon. Juste avant que le corner ne soit tiré, le gardien est sous pression, mais il fait preuve de patience et se libère au bon moment pour se saisir du ballon pendant que son défenseur se charge de l’attaquant adverse. »

Marquage mixte 
Le marquage mixte allie marquage individuel et marquage en zone. Cela permet à l’équipe qui défend de quadriller l’espace tout en marquant individuellement les principaux joueurs adverses. Dans cette configuration, les gardiens sont arrivés moins souvent en premiers sur le ballon comparé à l’édition 2023 (4%).

Dans cette vidéo, on observe les différents mouvements des joueurs de la République de Corée, destinés à désorganiser la défense et se libérer du marquage. Le gardien marocain est libre et bénéficie d’une excellente visibilité. Par ailleurs, ses défenseurs chargés du marquage en zone couvrent la zone de la surface de but située devant lui. Il voit le chaos autour de lui, mais ne se laisse pas distraire et reste concentré sur le ballon. Il attend le moment idéal pour prendre son impulsion, s’élever et détourner le ballon.

Marquage en zone 
Les gardiens sont arrivés en premiers sur le ballon légèrement plus souvent qu’en 2023 (+2%) lorsque leur équipe défendait en zone. Ils doivent également prendre leurs responsabilités dans cette configuration pour intervenir dans leur surface de but tout en tenant compte des coéquipiers disposés autour d’eux, notamment lorsque les attaquants tentent de s’engouffrer dans les espaces entre les défenseurs évoluant en zone.

Dans la vidéo 4 ci-dessous, la défense japonaise compte sept joueurs au marquage en zone. Le gardien dispose d’une vision dégagée sur le corner rentrant et de suffisamment d’espace pour intervenir. Sa patience et son sens du timing sont déterminants : il attend légèrement avant de prendre son impulsion, ce qui lui permet d’arriver suffisamment haut pour repousser le ballon du poing.

La coopération entre l’entraîneur des gardiens et l’entraîneur principal est essentielle pour adapter le dispositif défensif sur corner aux points forts et aux préférences du gardien. L’entraîneur des gardiens est responsable des ajustements propres au poste à effectuer en vue du match.

De plus, quel que soit le dispositif défensif choisi, les gardiens et les joueurs doivent s’entraîner à intervenir sur les deuxièmes ballons ainsi que sur les différentes phases, et pas uniquement la phase 1.