Sa capacité à se montrer dominatrice dans les deux surfaces de réparation a été déterminante dans son parcours au Chili, avec 15 buts marqués contre seulement deux encaissés, pour un bilan de six victoires consécutives.
Marcin Dorna, expert du Groupe d'étude technique de la FIFA, explique comment l’état d’esprit de cette équipe argentine a été un élément prépondérant de ses performances dans la compétition jusqu'à présent.
« Une de ses plus grandes forces réside dans le fait que tous les joueurs se sentent concernés, aussi bien en phase offensive que défensive. Il existe chez eux une forte éthique de travail et une volonté de soutenir leurs coéquipiers dans toutes les situations, ce qui met en évidence la discipline tactique et la préparation physique de l'équipe.
Mentalement, ils répondent présents. Ils jouent à l’unisson, ils sont concentrés et chacun sait ce qu’il a à faire. La complicité au sein de ce groupe est évidente. Elle transparaît non seulement dans les déplacements sur le terrain, dans lesquels on sent les automatismes, mais aussi dans cette faculté à garder le cap tout au long d’un match. »
Avec ballon
L’Argentine fait preuve d’une grande flexibilité tactique, changeant constamment de formation et de système d’un match à l’autre, mais aussi en cours de match. Lors de sa victoire en demi-finale contre la Colombie, elle a commencé en 3-4-3 avant de passer en 4-4-2 en deuxième mi-temps, puis de finir en 5-3-2 dans les derniers instants. Chaque changement répondait à un objectif tactique clair, et les joueurs ont à chaque fois montré qu’ils comprenaient parfaitement leurs rôles et responsabilités.
Leur cohésion et intensité en phase offensive ont également été des facteurs clés de leurs succès dans la compétition, comme l’explique Dorna :
« Dans la surface adverse, les Argentins ont été excellents techniquement, combinant dans les petits espaces et se créant souvent des occasions même quand ils avaient peu de temps et de place. Même sous pression, ils ont continué à prendre leurs décisions avec calme et intelligence. »
Cette capacité à enchaîner les passes dans des espaces réduits est par ailleurs essentielle dans la construction du jeu et l’avancée avec le ballon. L’Argentine aspire ainsi souvent son adversaire avant de renverser le jeu dans des zones du terrain où elle dispose de suffisamment d’espace pour lancer des attaques rapides.
Sans ballon
Défensivement, l’Argentine contrôle le jeu grâce à son bloc compact, à sa bonne organisation et à sa capacité à rester unie. En conséquence, ses adversaires ont toutes les peines du monde à la bousculer. Son pressing, quant à lui, est exercé avec intensité et cohésion, notamment lorsqu’elle l’effectue dans ses 30 mètres.
Elle a également su restreindre le nombre d’occasions franches concédées, comme en témoignent les deux uniques buts encaissés en six matches.
Comme l’indique Dorna, « l’équipe montre un engagement, une résilience et une solidarité remarquables lorsqu'elle n'a pas le ballon. Elle reste soudée dans toutes les phases défensives et j'ai été impressionné par sa manière de défendre dans sa propre surface. Les joueurs n’hésitent pas à se sacrifier et à intervenir de façon spectaculaire pour contrer les frappes, se couvrir mutuellement et protéger leur but coûte que coûte. Les défenseurs, les milieux et même les attaquants contribuent à conserver un bloc compact et synchronisé. »
GARDIEN DE BUT : Santino Barbi
Maillon essentiel de son équipe tout au long de la compétition, le gardien Santino Barbi s’est distingué par ses performances pleines de maturité, qui lui ont notamment permis de garder ses cages inviolées à quatre reprises en six matches.
Comme le détaille Pascal Zuberbühler, spécialiste des gardiens de la FIFA, « grâce à l’excellente défense des joueurs de champ, il n’a pas toujours besoin de réaliser un grand nombre d’interventions au cours d’une rencontre. Cela ne signifie pas pour autant qu'il peut se relâcher, au contraire, et c'est d'ailleurs ce qu'il a montré en étant toujours prêt et réactif, surtout dans les moments importants. Il est courageux, efficace dans les airs et il défend son but en avançant. »
Dans l’illustration ci-après, il apparaît que le faible volume d’interventions de Barbi (indiquées dans les parties intérieures) dans certains domaines statistiques propres aux gardiens de but a eu une influence sur son classement global (indiqué dans les parties extérieures). Cela n’a toutefois aucune incidence sur la qualité de ses interventions lorsqu’il a eu à s’employer.
Il est ainsi en outre intéressant de constater qu’il a dû intervenir sur huit ballons en profondeur, soit trois de plus que n’importe quel autre gardien dans la compétition à ce jour. Sur ces situations, six ont eu lieu dans sa surface et Barbi est intervenu avec succès sur cinq d’entre elles.
Pour Zuberbühler, le nombre élevé de passes en profondeur auxquelles Barbi a été confronté montre que les équipes adverses en ont fait un moyen privilégié pour tenter de prendre à revers la défense argentine.
« Sur ce genre de situation, la position de départ et le timing de l’intervention sont des éléments essentiels. Le gardien doit décider quand défendre le but et quand défendre l’espace. Si son équipe s'appuie sur un bloc médian, Barbi contrôle l’espace dans le dos de sa défense et ses coéquipiers lui font clairement confiance. Comme on le voit dans la vidéo suivante, ses prises de décision et son sens du timing sont excellents. Il sait que le ballon va arriver et comprend très bien quand ses défenseurs peuvent intervenir et quand c’est à lui de le faire. »