#Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA

Analyse de la phase de groupes : jeu direct, défense en un contre un et maîtrise des coups de pied arrêtés

FIFA, 29 oct. 2025

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Quels ont été les thèmes technico-tactiques marquants de la phase de groupes de la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA 2025™ ?

Alors que la phase à élimination directe bat son plein, le Groupe d’étude technique de la FIFA et l’équipe Analyse des performances et tendances du football se penchent sur les enseignements des 36 premières rencontres. Parmi les thèmes abordés, les buts sur coups de pied arrêtés, les transitions offensives directes, la défense en un contre un et les coups de pied de but frappés par les défenseures centrales.

Présentation

  • Le Groupe d’étude technique a constaté que les équipes jouent de manière directe lors des transitions offensives, cherchant à exploiter les faiblesses de l’adversaire avant qu’il puisse s’organiser défensivement.

  • Les attaques plus directes affectent l’équipe qui n’a pas le ballon, qui se retrouve ainsi à défendre davantage dans des situations de un contre un.

  • Les équipes ont inscrit beaucoup de buts sur coup de pied arrêté lors de la phase de groupes de la compétition, démontrant ainsi leur capacité à lire le jeu instantanément.

  • Les défenseures centrales suppléent les gardiennes lors des coups de pied de but, une observation qui confirme une tendance tactique observée chez les seniors.

Jeu direct sur les transitions

Clémentine Touré, experte du Groupe d’étude technique, a remarqué que plusieurs équipes utilisent la vitesse et un jeu direct en attaque.

« Lors des précédentes compétitions féminines U-17, de nombreuses équipes privilégiaient un style de jeu basé sur la possession ou la progression vers le but adverse. Dans cette Coupe du Monde Féminine U-17 au Maroc, elles sont moins nombreuses à tenter de construire en permanence ; on voit au contraire des formations disposées à contre-attaquer et jouer rapidement, ce qui explique leur positionnement en bloc haut. On peut citer des pays comme le Brésil, la France, le Canada, le Nigeria, le Japon, la Zambie et le Maroc qui ont su passer rapidement d’une phase défensive à une phase offensive et exploiter les espaces dans la profondeur. »

« Sur la base de cette observation, je considère que la phase de groupes de cette Coupe du Monde Féminine U-17 marque un tournant vers un jeu plus dynamique, axé sur la transition offensive. Associé à la recherche de verticalité, le jeu rapide et direct reste un élément clé. Il s’agit d’un moment crucial pour marquer ou déséquilibrer l’adversaire », ajoute Touré.

Après avoir récupéré le ballon, l’Espagne organise une transition offensive directe.

Touré nous livre les éléments essentiels à prendre en compte lors de ces transitions rapides.

« Bien que la transition offensive soit habilement utilisée par nombreuses équipes, il existe encore des possibilités d’amélioration. Il est non seulement important de bien lancer la transition, mais également de bien conclure. La clé reste la rapidité d’exécution à la récupération du ballon. L’avantage est perdu en cas de mauvais choix de première passe, ou si la joueuse tarde à lâcher le ballon. Ce jeu direct s’apparente à une tendance de fond dans cette catégorie U-17. »

« On peut dire en guise de conclusion que les transitions offensives sont devenues fondamentales dans le football moderne, car elles exploitent les moments où l’adversaire est le plus vulnérable, juste après la perte du ballon. Sa structure défensive n’est souvent pas encore en place et les joueuses sont disséminées sur le terrain, parfois en position offensive, ce qui crée des espaces à exploiter. Les équipes modernes privilégient l’efficacité, moins de passes et plus d’impact », ajoute l’ancienne sélectionneuse de l’équipe féminine de Côte d’Ivoire.

Défense dans les situations de un contre un

Dès l’entame de la compétition, après plusieurs performances remarquables des ailières, Asako Takakura, membre du Groupe d’étude technique, s’est intéressée aux différentes phases des duels individuels des ailières lorsque le jeu est excentré. Cependant, ce type de situation a également offert quelques exemples défensifs remarquables lors de la phase de groupes. Takakura explique en quoi ces situations sont influencées par d’autres tendances observées dans cette compétition, comme les transitions directes mises en évidence par Touré.

« De nombreuses équipes privilégient le jeu direct, cherchant à jouer le ballon vers l’avant le plus rapidement possible. Dans ce contexte, les défenseures centrales et latérales doivent faire face à la vitesse d’exécution de leur vis-à-vis en un contre un. Le positionnement sans ballon est également essentiel, même si sa précision varie selon les équipes et les joueuses », explique Takakura.

Les défenseures qui subissent des attaques directes se retrouvent souvent isolées en situation de un contre un. Il est donc essentiel qu’elles puissent tenir leur position. Ici, l’arrière gauche italienne Francesca Randazzo (n°13) gagne son duel avec l’attaquante qui vient de recevoir un long ballon dans l’espace.
Le positionnement et le timing de l’intervention sont essentiels pour défendre dans ces situations. Dans cette vidéo, la Camerounaise Mendy Ngo (n°13) reste solide sur ses appuis, sans se livrer, avant de réaliser un tacle parfait.

« Les équipes tendent à privilégier un pressing haut. Le marquage individuel devient alors souvent la norme, ce qui oblige les joueuses offensives à conserver un placement défensif solide afin d’éviter d’être battues. La lecture du jeu et la continuité défensive se sont améliorées. »

Précision et variété sur coups de pied arrêtés

La qualité dont certaines équipes ont fait preuve sur coups de pied arrêtés a été l’un des faits marquants de la phase de groupes à Rabat. Au total, 44 buts ont été inscrits sur ces phases de jeu, soit 33,8% de tous les buts marqués à ce stade de la compétition.

Pour Mo Marley, membre du Groupe d’étude technique, l’intuition des joueuses joue un rôle clé. « Ce qui m’impressionne le plus, c’est l’émergence des joueuses qui laissent libre cours à leur créativité par rapport à une situation donnée. On a beau s’entraîner régulièrement, on ne peut pas prévoir l’organisation ni la réaction de l’adversaire. C’est appréciable de voir les joueuses évaluer la situation et prendre des décisions en fonction. »

« Le jeu peut être très équilibré dans les dernières phases des compétitions de haut niveau. Les coups de pied arrêtés sont alors le moyen idéal de mettre rapidement la pression sur le but adverse. Une équipe peut vraiment faire la différence lorsqu’elle dispose d’un grand nombre de combinaisons travaillées et des aptitudes techniques pour être performante dans les moments de forte pression. »

Marley met en avant trois exemples de buts marqués sur corner à des moments décisifs des matches de la phase de groupes.

Corner 1 : second but de l’Équateur contre la Norvège (score final : ECU 2-0 NOR). Pour Marley, la coordination entre la tireuse et la receveuse est essentielle. Lors du match opposant l’Équateur à la Norvège, la défenseure centrale Maite Zambrano (n°3) effectue une course au timing parfait depuis l’entrée de la surface de réparation pour reprendre le centre de Mary Guerra (n°10).
Corner 2 : premier but du Japon contre la Zambie (score final : JPN 2-0 ZAM). Dans cette vidéo, Marley souligne la technique de la Japonaise Honoka Sunaga, ainsi que ses déplacements pour créer l’espace en deuxième phase de corner.
Corner 3 : égalisation du Paraguay contre la Nouvelle-Zélande (score final : PAR 4-1 NZL). Plusieurs buts ont été marqués à la retombée des seconds ballons à l’intérieur et aux abords de la surface, note Marley. Dans cet exemple, Claudia Martinez fait preuve de sang-froid et de maîtrise pour contrôler du pied droit à l’écart de la défenseure, avant de conclure parfaitement du gauche.

La Chine a fait preuve d’une grande efficacité sur coups de pied arrêtés lors de la phase de groupes, inscrivant six buts sur ces phases de jeu. Elle a notamment marqué sur coup franc direct lors de chacune de ses trois premières sorties. Marley met en avant la variété de choix des tireuses.

« Les trois buts sur coup franc direct de l’extérieur de la surface ont été inscrits par deux joueuses différentes ayant chacune leur pied fort : Zeng Yijie (n°17) a marqué deux buts du droit et Chen Ruilin (n°6) un du gauche. La Chine a également varié ses phases arrêtées en marquant sur un corner court alors qu’elle avait la possibilité de servir une joueuse plus éloignée. »

Les Chinoises ont affiché une grande variété dans leurs coups de pied arrêtés. Sur leur premier but de la compétition, la milieu axiale Chen Ruilin (n°6) enroule parfaitement son ballon du gauche par-dessus le mur, tandis que Zeng Yijie (n°17) a marqué leurs deuxième et troisième buts sur coup franc du pied droit.

Marley note que d’autres pays se sont distingués dans ce domaine.

« Le Canada a marqué deux fois sur corner en se montrant proactif dans la surface de but contre les Samoa et la France. Les Espagnoles ont également démontré leur polyvalence sur coup franc et corner, avec des options courtes ou des passes plus directes, tant sur des tirs rentrants que sortants. Elles ont également marqué sur coup franc direct contre la Côte d’Ivoire. »

« Le football moderne évolue, les équipes deviennent plus imprévisibles et on constate clairement qu’une attention accrue et un temps d’entraînement spécifique sont accordés aux coups de pied arrêtés. Même s’il est appréciable d’assister à cette créativité offensive, la défense sur ce type de situations doit évoluer au même rythme. »

Coup de pied de but tirés par les défenseures centrales

La propension des défenseures centrales à tirer les coups de pied de but est une autre tendance de la phase de groupes. Pour Pascal Zuberbühler, responsable du Groupe d’étude technique et spécialiste des gardiens de la FIFA, cette évolution est en partie liée à une tendance tactique générale actuellement observée au plus haut niveau. Lorsqu’une défenseure centrale effectue un dégagement court aux six mètres, la gardienne dispose de deux ou trois secondes supplémentaires précieuses pour prendre une décision avant de recevoir le ballon et de distribuer le jeu.

« Dans la vidéo ci-dessous, la défenseure centrale se charge du coup de pied de but, ce qui signifie que la pression n’est pas immédiatement exercée sur la gardienne. Celle-ci réalise ensuite une bonne passe vers la numéro 9, qui conserve le ballon. L’Italie se retrouve alors dans une situation intéressante à 3 contre 3, qu’elle conclut magnifiquement », ajoute Zuberbühler.

Sur ce but contre le Brésil, Zuberbühler souligne la bonne préparation tactique de l’équipe italienne. Les coéquipières de la gardienne jouent en sachant qu’elle est en mesure de les servir à mi-hauteur ou dans les pieds.

Et Zuberbühler d’expliquer : « Pour ce type de coups de pied de but, il faut une gardienne avec une bonne lecture du jeu. Quand faut-il jouer long ? Quand faut-il jouer court ? Est-ce que je peux jouer en profondeur ? Il existe toujours un risque, car, comme on le voit dans la vidéo ci-dessus, les adversaires exercent un pressing haut. » Pour exercer une influence significative dans ces situations, la gardienne doit disposer d’une large palette de passes.

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