#Coupe du Monde U-17 de la FIFA 2025

Touches longues directes dans la surface de réparation

FIFA, 13 nov. 2025

FIFA
left
right

Toute occasion d’obtenir une situation avantageuse dans le dernier tiers du terrain est la bienvenue, dans la mesure où elle peut déboucher sur un but décisif pour l'issue du match.

Au cours de la Coupe du Monde U-17 de la FIFA, Qatar 2025™, le Groupe d'étude technique a constaté une augmentation notable de l'utilisation des touches longues directes dans la surface de réparation pour se créer des occasions de but.

Ce constat est confirmé par les données récoltées par notre équipe Analyse des performances et tendances du football : 19% des touches effectuées dans le dernier quart du terrain au cours des 48 premiers matches ont été des touches longues arrivant directement dans la surface de réparation. Ce chiffre est à comparer aux 6% de touches longues dans la surface comptabilisées lors de la Coupe du Monde U-17 de la FIFA, Indonésie 2023™, soit une augmentation de 13 points de pourcentage. Sur les 48 équipes présentes au Qatar, 37 ont eu recours à des touches longues dans la surface de réparation.

Se créer plus d’occasions de but

Les coups de pied arrêtés obtenus dans le dernier tiers constituent une arme offensive majeure, car ils offrent l’occasion d'exécuter une phase de jeu préparée à l'avance. Le fait qu’il s’agisse d’une rentrée de touche, et non d’un coup franc ou d’un corner, n’y change rien : la nature planifiée des actions sur touches longues peut donner à l'équipe qui attaque un avantage décisif sur le plan de la coordination, dans la mesure où elle sait ce qui va se produire, alors que l'équipe qui défend n'a que très peu de temps pour réagir.

Lors de ses deux premiers matches, le Mexique a effectué onze touches directement dans la surface de réparation, lesquelles ont généré deux frappes dans les 7,5 secondes consécutives à la remise en jeu. Les Mexicains n’ont joué que 50% de leurs touches obtenues dans cette partie du terrain directement dans la surface, contre 100% pour le Qatar. Le Honduras a réussi à marquer un but en première intention sur une longue touche dans la surface de réparation.

Aron Winter, membre du Groupe d'étude technique de la FIFA, attire l’attention sur la longueur des touches effectuées par ces jeunes joueurs.

« Beaucoup d'équipes semblent avoir travaillé ces touches offensives en amont de la compétition, et les distances auxquelles le ballon est envoyé sont assez incroyables pour de si jeunes joueurs. C’est un signe que les joueurs ont travaillé à la fois leur technique et leur puissance pour pouvoir propulser le ballon aussi loin. On voit que la position de départ des joueurs et leurs déplacements au moment de la remise en jeu ne doivent rien au hasard. »

La technique

Pour effectuer une touche qui soit à la fois longue, rapide et précise, le joueur qui assure la remise en jeu doit posséder une certaine force musculaire au niveau des abdominaux et avoir travaillé le rythme de ses foulées dans sa course d’élan.

Louis Carey, ancien entraîneur de l’académie du Southampton FC et membre du Groupe d’étude technique pour la durée de la compétition, nous explique le mécanisme des touches longues.

« La technique commence avec la course d’élan, qui doit permettre de générer de la puissance à partir des hanches. Ce n'est pas une question de vitesse ni de distance à parcourir : tout est dans le rythme, comme sur un service au tennis ou sur un swing au golf. La puissance vient des hanches et du tronc au moment où les deux pieds s’ancrent dans le sol. Puis, avec la poussée des hanches, le mouvement des bras crée un effet « catapulte ». La prise sur le ballon n’est pas strictement latérale : le joueur doit placer ses mains en W derrière le ballon pour renforcer l'effet de levier et lancer le ballon plus loin. »

(1/2) Vidéo 1 : l'arrière gauche du Honduras, Darrell Oliva (n° 14), envoie une touche à 33 mètres pour l'avant-centre David Flores (n° 9), qui marque directement d’une tête imparable.
(2/2) Vidéo 2 : face au Brésil, le ballon parcourt 35 mètres sur une touche d’Oliva.

Difficile à défendre

La trajectoire d'une touche est nettement différente de celle d'une frappe. Sur corner ou sur coup franc, quand le ballon est envoyé directement dans la surface de réparation, la trajectoire est généralement rentrante ou sortante en fonction du pied utilisé. La trajectoire des touches est à la fois plus rectiligne et plus bombée lorsque la touche est haute, et leur vitesse est plus faible, ce qui complique la tâche de la défense.

Il convient d’entraîner les équipes à défendre face à ces situations, qui comportent des difficultés spécifiques, comme l'absence de hors-jeu. La configuration défensive doit également tenir compte de la distance à laquelle le ballon peut être envoyé.

« Quand on sait que l'adversaire peut lancer le ballon très loin, il faut apprendre aux joueurs à ne pas concéder de touches dans le dernier quart, de la même manière qu’on les encourage à ne pas concéder de coups francs dans le dernier tiers », explique Louis Carey.

« Les touches en cloche sont difficiles à dégager parce qu'elles arrivent lentement, sans rythme et qu'elles tombent de haut, ce qui permet aux attaquants de venir percuter les défenseurs. Et puis, il est très difficile de générer de la puissance pour dégager loin de la tête sur ce type de remise en jeu. Cela signifie que la bataille pour la récupération sur le deuxième ballon peut s’avérer cruciale. Le timing est également difficile à juger, surtout quand il s’agit d’effectuer un saut sur place, avec peu d’élan et donc moins de détente verticale. »

Vidéo 3 : la technique de lancer du latéral droit mexicain Jhonnatan Grahales (n°18) lui permet d’imprimer au ballon une trajectoire haute et tombante qui complique la tâche de la défense.

Du point de vue du gardien de but

Pascal Zuberbühler, spécialiste des gardiens de la FIFA, explique de quelle façon le portier doit appréhender ces touches longues.

« Il y a souvent beaucoup de trafic au premier poteau sur ces touches, mais même sur cette compétition, on a assisté à des touches qui atteignaient directement le second poteau. Le placement du gardien de but n’est pas évident. En premier lieu, il doit défendre dans l'espace, dans la mesure où il est un peu écarté de sa ligne de but, presque à la limite de sa surface de but (aux six mètres), en fonction de l'endroit d'où vient la touche.

Si la touche parvient jusqu’à la surface de but, bien souvent, le gardien est obligé de reculer, car il y a beaucoup de monde dans cette zone, et le ballon arrive moins vite et avec une trajectoire différente de celle d'un ballon frappé, ce qui lui complique considérablement la tâche pour capter le ballon. Si le gardien se fait bousculer alors que le ballon tombe de haut et lentement, il va avoir beaucoup de mal à assurer une prise de balle propre. »

« De plus, comme il n'y a pas de hors-jeu sur une touche, le gardien commence souvent plus haut dans la surface avant de se replier. Il défend d’abord la zone avant de défendre son but. Toutefois, il est clair que les équipes doivent travailler leur organisation défensive sur ces situations, qui se présentent de plus en plus souvent dans le football moderne, sachant que la défense sur les touches longues n’est pas la même que sur les corners et les coups francs excentrés.

Points à retenir

  • La force musculaire au niveau des abdominaux est essentielle pour générer de la puissance et de la longueur à partir des hanches.

  • Prendre le ballon en formant un W avec les mains permet de mieux le propulser vers l'avant.

  • La trajectoire particulière des touches complique la tâche de la défense.

  • L'absence de hors-jeu fait la spécificité de ces situations défensives par rapport aux corners et aux coups francs, raison pour laquelle elles requièrent un entraînement spécifique.

Notez votre expérience

  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5

The site is protected by reCAPTCHA and the Google Privacy Policy and Terms of Service apply.