Organisée dans le cadre exceptionnel de l’Aspire Zone, cette fête du football verra les meilleurs jeunes joueurs du monde s'affronter pour remporter le titre de champions du monde de la catégorie d’âge.
D’après le Groupe d'étude technique de la FIFA, ce format constitue une opportunité fascinante. Le fait d’avoir un plus grand nombre de matches à analyser permet de mieux comprendre non seulement les systèmes de jeu et l'intelligence tactique à l'œuvre, mais aussi le développement technique, physique et mental des jeunes joueurs.
Le Groupe d’étude technique
Le nouveau format
Une nouvelle ère s'ouvre dans le développement du football de jeunes : au cours des cinq prochaines années, une Coupe du Monde U-17 sera organisée chaque année au Qatar avec 48 équipes participantes.Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce nouveau format ?
Pascal Zuberbühler : Plus qu'une nouvelle édition de la compétition, c'est le début d'un nouveau rythme insufflé au football mondial. Les meilleurs joueurs, sélectionneurs et pays du monde vont désormais se croiser plus souvent, avec tout ce que ça implique en termes de données, d'histoires à vivre et d'évolution tactique. Je sens que quelque chose de spécial est sur le point de se produire.
Ce format va obliger les équipes à s'adapter plus rapidement, à gérer différemment leurs efforts et à viser la constance au plus haut niveau, année après année. En ce qui concerne les gardiens de but, c’est un nouveau contexte fascinant qui surgit. Le rythme du football moderne ne cesse de s'accélérer, ce qui nécessite plus que jamais de la part des gardiens d’être capables de lire le jeu, de prendre des décisions sur le vif et de diriger leur défense sous une pression constante. Ils doivent participer au jeu, contrôler l’espace et savoir anticiper les actions.
J’ai vraiment hâte de retrouver cette énergie que seule une Coupe du Monde apporte, cette chaleur, ce bruit, cette tension, avec tous les sentiments qui vont avec. Le Qatar a su s’imposer comme une terre de football incontournable. Il sera pour les cinq prochaines années au centre de la planète football.
Plus il y a d’équipes impliquées, plus il y a de joueurs et d'entraîneurs exposés au plus haut niveau. Quel rôle cela peut-il jouer dans leur développement ?
Hérita Ilunga : Une compétition d’une telle envergure permet d’exposer les joueurs au plus tôt pour tester leur progression sur le plan technique, tactique et mental, dans un contexte de pression intense. C'est formidable de donner à autant de pays l’occasion de participer à une aventure sportive de si haut niveau. Et ça va aussi contribuer à leur développement en tant qu’êtres humains.
D'après mon expérience des trois dernières éditions de la Coupe d'Afrique des Nations U-17, il est clair que le fait de participer à une compétition de haut niveau aide les joueurs à se développer. C'est aussi toujours important pour le développement des entraîneurs et j'ai hâte de voir comment les équipes des différentes confédérations vont aborder la compétition, en gardant l'œil en particulier sur les performances des équipes africaines.
Une expérience précieuse pour les joueurs
Le fait de vivre une Coupe du Monde U-17 offre aux jeunes joueurs bien plus qu'une expérience formatrice sur le plan du football. Vous avez vous-même participé à des Coupes du Monde chez les jeunes comme chez les seniors. De quelle façon ces compétitions catalysent-elles le développement des joueurs et des joueuses ?
Simone Gomes Játoba : Les joueurs affrontent des équipes venues de différents continents, avec des styles de jeu, des tactiques et des cultures footballistiques qui leur sont propres. Cette exposition à un football différent est cruciale pour le développement de l'intelligence tactique et de la capacité d’adaptation sur le terrain. Quand on fait face à des formations et des adversaires différents, on est dans l’obligation de rapidement faire évoluer sa compréhension tactique du jeu et d’exécuter fidèlement les instructions du staff technique.
De plus, les matches se déroulent sur un rythme plus soutenu et le jeu présente un niveau d'excellence qui dépasse celui de la plupart des compétitions nationales de jeunes. Cela oblige les joueurs à faire évoluer leur technique et leur prise de décision sous une pression plus intense. Les exigences physiques liées au fait de disputer une compétition d'équipes nationales sont intenses. Il s’agit à la fois d’un test d’endurance et d’une préparation grandeur nature aux rigueurs du football professionnel.
L’enjeu autour des compétitions de jeunes va bien au-delà des matches eux-mêmes : il s’agit d’un laboratoire de haute performance qui sert de catalyseur pour le développement des athlètes. En simulant les conditions du football professionnel dans un environnement contrôlé, on leur donne les moyens de s’améliorer.
Vous avez participé à une Coupe du Monde senior. D’après vous, de quel poids a pesé votre expérience dans les Coupes du Monde de jeunes sur votre développement en tant que joueur ?
Damien Duff : Quel que soit le niveau de compétition, le fait de représenter son pays est toujours une fierté, mais quand on y ajoute la pression, ça donne un formidable apprentissage. J'ai participé à deux Coupes du Monde U-20 et cela fait partie de mes meilleurs souvenirs.
Les deux éditions étaient totalement différentes l’une de l’autre. Malaisie 1997 a été une plateforme pour moi, cette compétition m’a donné la certitude que je pouvais rivaliser avec les meilleurs. On a vécu quelque chose d’incroyable. À ce jour, nous restons les seuls footballeurs irlandais à être montés sur un podium de Coupe du Monde avec cette troisième place obtenue de justesse.
Deux ans après, au Nigeria en 1999, notre objectif était de remporter la compétition, ce qui est incroyable pour une équipe d’Irlande. Je faisais partie des titulaires du groupe, mais on n’a malheureusement pas réussi à aller jusqu’au bout. Ce n’était qu’une compétition de jeunes, mais j’étais dévasté. Peu importe l’âge qu’on a, une Coupe du Monde, c’est quelque chose de spécial. J’espère que ces joueurs sauront saisir l’occasion qui leur est offerte.
Le développement des entraîneurs
Cette compétition permet également aux entraîneurs et à leur encadrement technique de vivre de nouvelles expériences footballistiques et de se confronter à de véritables défis tactiques. Quel rôle cela peut-il jouer dans leur développement ?
Ives Serneels : Dans mon rôle de sélectionneur, j'essaie de tirer un enseignement de chaque entraîneur avec lequel je travaille. Il faut construire un encadrement technique qui forme une famille autour des joueurs, ainsi qu’un cadre qui les mette en condition de gagner. Il y a tant de cultures, tant de philosophies et d'analyses qui influencent la façon dont on pense le jeu.
Chaque sélectionneur est exposé à la manière de faire des autres pays, ce qui l’oblige à remettre en question sa propre vision. Tout ça permet d’apprendre beaucoup en peu de temps. Le niveau attendu est plus élevé que celui d’un championnat national. Quand on joue pour son pays, la pression est plus forte. Pour le sélectionneur, c’est une expérience qui nécessite d’exercer un leadership positif, non seulement sur le plan du football, mais aussi au sein de l'environnement qui entoure son équipe et ses joueurs.
Aron Winter : Cette hausse du nombre d’équipes dans la compétition est excellente pour le développement du football dans le monde entier, elle va permettre de former les leaders de demain. Ce qui m'intéresse, c’est la manière dont l'encadrement technique aborde les matches. Quelle est la variété dans leur approche technique ? Sont-ils capables de s’adapter d’un match sur l’autre ? Un schéma de jeu va-t-il dominer la compétition ou bien les équipes proposeront-elles des solutions différentes ?
Qu’attend-on des joueurs de cette tranche d'âge ? Les sélectionneurs se concentrent-ils davantage sur le développement des joueurs ? Ou bien leur objectif est-il de gagner ? À mon avis, les sélectionneurs vont avoir pour objectif de gagner des matches, mais à cet âge-là, c'est intéressant parce qu'il faut faire les deux.
L’identité collective et l’identité du joueur
Dans le football, chaque pays possède sa propre identité. L’une des choses les plus passionnantes, en Coupe du Monde, consiste à voir de quelle façon les joueurs parviennent à incarner et refléter les valeurs collectives de leur équipe. Esprit d'équipe et cohésion jouent un rôle essentiel dans le cadre d'une telle compétition. Comment les jeunes joueurs peuvent-ils briller dans cet environnement ?
Louis Carey : Quand j'étais à Southampton, c'était une priorité pour nous. Il y a une grande variété dans les performances, et chez les jeunes, on trouve parfois plus de joueurs remarquables sur le plan individuel que d’équipes affichant une grande cohésion, donc ça m’intéresse de voir ce que ça va donner.
Comment la dynamique collective d’une équipe affecte-t-elle les performances de chacun des joueurs ? Existe-t-il de la place pour l'expression individuelle ? On voit parfois une capacité au leadership naître chez certains joueurs, qui sortent de leur coquille là où d’autres tendent au contraire à s’effacer. En tant que jeune joueur, est-il possible de se faire le porteur de l’identité footballistique de son pays tout en affichant son caractère et ses points forts ? Ça va être une expérience extraordinaire pour toutes les personnes concernées.
Aron Winter : Tous les jeunes joueurs rêvent de devenir professionnels, mais ils n’ont pas toujours conscience de la difficulté de la tâche. Le fait de se retrouver confrontés à d'autres joueurs de haut niveau les aide à comprendre ce qu'il faut faire, ce qui est d’une valeur inestimable dans la mesure où ils n'ont pas toujours cette opportunité dans leur championnat national.
Par ailleurs, d'où viennent ces joueurs ? Jouent-ils dans leur championnat local, et où plus précisément ? Vivre une Coupe du Monde de l’intérieur n’est pas de tout repos, surtout quand on voit le nombre de matches à disputer en si peu de temps. De quelle façon cela se traduira-t-il en termes de minutes jouées pour chaque joueur ?
La pression n'est pas la même selon qu’on joue pour son club ou pour son pays. Avoir à trouver l’équilibre entre répondre aux besoins de l’équipe et montrer la meilleure version de soi-même sur la scène internationale constitue une expérience d'apprentissage essentielle.
Le calendrier des matches
La rencontre inaugurale de la Coupe du Monde U-17 2025 opposera le Qatar, pays hôte, à l'Italie le lundi 3 novembre, pour ce qui constituera le premier des 103 matches au programme à l'Aspire Zone. La finale aura lieu le jeudi 27 novembre au stade Khalifa International de Doha.