Le rôle du Groupe d’étude technique à la Coupe du Monde Féminine de Futsal de la FIFA™

Cet article met en lumière le rôle du Groupe d’étude technique de la FIFA lors de la Coupe du Monde Féminine de Futsal de la FIFA 2025™. Graeme Dell, membre dudit groupe, apporte un éclairage précieux sur la mission singulière de son équipe aux Philippines.

Le rôle du Groupe d’étude technique lors de la Coupe du Monde Féminine de Futsal 2025 consiste à observer, analyser et comprendre le futsal pratiqué durant cette première édition afin d’orienter les futures initiatives de développement.
La combinaison, au sein du Groupe d’étude technique, d’une expertise pointue du futsal féminin et d’une connaissance approfondie des spécificités traditionnelles du futsal constitue une base solide pour une étude de fond.
Afin de produire des analyses à la fois rigoureuses et fidèles à la réalité du jeu, le cadre méthodologique dédié au futsal développé par la FIFA se trouve au cœur du travail du Groupe d’étude technique.

Lors de la Coupe du Monde Féminine de Futsal 2025, des équipes issues de diverses confédérations s’affrontent pour décrocher le tout premier titre de championnes du monde de la discipline. Pour être à la hauteur du caractère historique et inédit de la compétition, le Groupe d’étude technique observe les matches avec une approche pensée avant tout pour servir la communauté du futsal féminin, explique Graeme Dell, qui a également supervisé plusieurs éditions de la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA™ chez les hommes.

« Notre rôle ici est avant tout un travail d’observation. Il s’agit d’analyser le jeu pour comprendre comment la FIFA peut contribuer au développement du futsal féminin. Par l’observation et l’analyse des données, nous cherchons à déterminer s’il existe des différences entre le jeu féminin et le jeu masculin, plutôt que de les tenir pour acquises. »

L’un des principaux objectifs des observations et analyses du Groupe d’étude technique est de fournir des orientations aux différents départements de la FIFA ainsi qu’aux associations membres sur la meilleure façon de façonner l’avenir de la discipline.

Dell, également expert technique de la FIFA pour le futsal et consultant en développement, souligne l’importance d’aborder la compétition avec une réelle volonté d’apprendre :

« L’important, c’est que nous nous lancions dans cette compétition sans prétendre connaître d’avance toutes les particularités du futsal féminin. Si notre compréhension globale du futsal s’appuie sur ce que nous avons observé dans les compétitions masculines de la FIFA, nous devons maintenant en appréhender toute la richesse du côté féminin et en saisir les nuances propres. Pour atteindre cette compréhension, il faut analyser la compétition dans son intégralité. À partir de nos observations, nous pourrons ensuite, avec l’appui de l’équipe Analyse des performances et tendances du football de la FIFA, examiner la situation au sein des associations membres et déterminer comment contribuer à façonner et soutenir les initiatives en matière de futsal féminin au cours des cinq à dix prochaines années. »

Par ailleurs, les missions essentielles du Groupe d’étude technique comprennent l’attribution des différentes récompenses : Joueuses du match, Ballons d’or, d’argent et de bronze adidas, ainsi que le Gant d’or adidas. Il évalue également différents critères liés au fair-play.

Plusieurs membres du Groupe d’étude technique apportent une expertise de haut niveau dans le football féminin, tandis que d’autres offrent un regard technique nourri par la formation des entraîneurs ainsi que le développement des joueurs dans le futsal masculin et leur expérience lors de précédentes Coupes du Monde de Futsal. Cette combinaison leur permet de fonder leurs analyses sur des connaissances technico-tactiques pointues propres au futsal féminin, tout en établissant des parallèles avec d’autres spécificités traditionnelles du futsal. Cette expertise croisée permet également d’enrichir l’analyse sur le long terme, en comparant le futsal d’aujourd’hui, d’hier et de demain.

Les données de futsal conçues sur mesure par la FIFA forment la base essentielle du travail du Groupe d’étude technique aux Philippines. Mis en œuvre par l’équipe Analyse des performances et tendances du football de la FIFA, le processus de collecte est en place depuis 2021 et le même cadre méthodologique, constant et rigoureux, a été utilisé lors des éditions 2021 et 2024 de la Coupe du Monde de Futsal. Des ensembles de données cohérents d’une compétition internationale à l’autre fournissent au Groupe d’étude technique le socle empirique indispensable pour dresser une analyse plus profonde et fiable du jeu, souligne Dell :

« Pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, il suffit de revenir aux enseignements tirés des Tournois de Futsal des Jeux Olympiques de la Jeunesse 2018, qui nous avaient alors offert un premier aperçu du futsal féminin chez les jeunes. Ces tournois avaient mis en lumière plusieurs constats importants. Nous avons ensuite défini le cadre de collecte et réuni les données lors des Coupes du Monde de Futsal 2021 et 2024. »

« Une fois ces données affinées et consolidées, elles nous offrent des points de référence qui nous permettent de valider nos observations, plutôt que de nous en remettre uniquement à notre ressenti. Voici un exemple illustrant la manière dont notre équipe intègre les données dans son analyse des types de buts marqués au cours de la compétition. »

Étape 1 : quelles données sont collectées sur le terrain ?

Le cadre d’analyse du futsal développé sur mesure par la FIFA permet au Groupe d’étude technique d’appuyer ses observations sur des données concernant les joueuses, les équipes, les parcours et l’ensemble de la compétition. Le graphique ci-dessus présente les types de buts inscrits aux Philippines après 14 rencontres, un exemple des données que le groupe intègre dans son analyse. Cependant, le Groupe d’étude technique ne s’arrête pas à ces chiffres.

Étape 2 : que montrent les données si l’on enlève les équipes dominantes ?

Un point essentiel : le Groupe d’étude technique s’appuie sur ses observations en match pour mettre les données en perspective. Dans le cadre de l’analyse des buts, il a relevé que les grandes équipes que sont l’Espagne, l’Argentine, le Brésil et le Portugal avaient, à elles seules, inscrit 49 des 109 buts marqués durant la période. En les retirant de l’analyse, on obtient une tout autre répartition des buts. De même, l’analyse isolée des buts inscrits par ces quatre grandes équipes révèle une répartition sensiblement différente.

Étape 3 : et si l’on examine uniquement les grandes équipes ?

À elles seules, ces quatre équipes sont à l’origine de 34,6% des buts marqués en phase offensive jusqu’ici. Elles ont aussi inscrit une proportion de buts sur coups de pied arrêtés supérieure à la moyenne. Cette forte proportion pourrait laisser penser que ces équipes s’appuient sur des méthodes offensives plus élaborées. De telles conclusions ne sont possibles qu’en replaçant les données dans leur contexte, et elles feront l’objet d’analyses approfondies au fil de la compétition.

« Nous utilisons ici le même cadre de référence pour établir des comparaisons, ce qui signifie que notre analyse des données ne part pas de zéro. Nous disposons d’une structure, d’un point de référence qui, en quelque sorte, formule déjà les questions, et les réponses viendront au fil de la compétition. Cela nous permettra d’établir des comparaisons avec le futsal masculin et, surtout, de comprendre ce qui est nécessaire pour développer la variante féminine. »

L’expérience des experts et expertes en provenance du futsal féminin est essentielle à cette étape du processus, souligne Dell. « En tant qu’entraîneurs, responsables d’équipe ou ex-joueuses ou joueurs, leur expertise nous permet de donner du sens aux données que nous collectons. Cet aspect est essentiel dans le rôle que nous jouons ici aux Philippines : nous examinons les données en les replaçant dans le contexte du futsal féminin. »

Comme indiqué précédemment, un principe fondamental du travail du Groupe d’étude technique consiste à n’établir de conclusions solides qu’une fois la compétition arrivée à son terme. Les observations réalisées durant la compétition sont publiées au fur et à mesure. En revanche, les enseignements définitifs ne sont dégagés qu’à l’issue d’une analyse post-compétition, menée uniquement une fois le titre suprême décerné.

Pourtant, plusieurs phases de jeu observées lors des 14 premiers matches laissent déjà entrevoir que le futsal féminin au niveau international révèle des éléments tactiques et une maîtrise technique jusque-là inédits, y compris dans le futsal masculin.

Exemple 1 : le Brésil a réorganisé sa défense afin d’offrir du soutien à sa gardienne volante. Dans ces situations, une défenseure brésilienne couvre Bianca (nº3), ce qui permet à son équipe à la fois de battre la première joueuse au pressing et d’offrir à sa gardienne volante une base pour lancer l’attaque.

Exemple 2 : dans cet exemple, le Japon démontre la vitesse de circulation du ballon et la précision indispensables pour tirer pleinement parti du power play. L’un des constats étonnants de la Coupe du Monde Féminine de Futsal 2025 est que les équipes en situation de power play ont plus de chances d’encaisser un but que d’en marquer, ce qui révèle que de nombreuses équipes masculines n’ont pas encore réussi à tirer pleinement profit de cette phase de jeu.

Exemple 3 : le futsal est un sport où priment la vitesse et la précision. Le tir d’Emilly, autrice du deuxième but du Brésil lors de sa victoire 6-1 contre l’Italie, illustre parfaitement ces deux caractéristiques et témoigne d’une maîtrise technique exceptionnelle.

Exemple 4 : l’Espagne a fait preuve d’une fluidité remarquable dans ses phases de possession lors de sa victoire 5-1 contre la Colombie. Les déplacements coordonnés des joueuses espagnoles exigent une parfaite compréhension des rôles de chacune ainsi qu’une excellente lecture des espaces.