#Coupe du Monde Féminine de Futsal de la FIFA 2025

Palette de compétences et synchronisation : les deux piliers de la haute performance en futsal

FIFA, 4 déc. 2025

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Quels sont les atouts des meilleures équipes de futsal et comment un entraîneur peut-il appliquer le résultat de ces observations à son niveau ?

Dans cet article, Rajaa Chatah et Tihana Nemčić Bojić se penchent sur le rôle de l’intelligence collective et d’une large palette de compétences dans la performance de haut niveau. En appuyant leurs réflexions sur les matches de la Coupe du Monde Féminine de Futsal de la FIFA™, une compétition qu’elles suivent actuellement aux Philippines, les deux expertes du Groupe d’étude technique de la FIFA reviennent sur l’importance de ces deux aspects dans la capacité d’adaptation des équipes.

Points à retenir

  • Depuis le début de la compétition, les membres du Groupe d’étude technique ont été impressionnés par les joueuses qui disposent d’une large palette de compétences, c’est-à-dire d’une maîtrise fine des aspects technique, tactique, physiologique et psychologique.

  • De plus, les équipes qui maîtrisent différents niveaux de synchronisation tactique offrent régulièrement des performances enthousiasmantes au public.
  • Cette polyvalence individuelle et cette synchronisation forment la base de la capacité d’adaptation, une caractéristique que partagent la plupart des équipes les plus compétitives.

Développer sa palette de compétences à travers un entraînement axé sur le jeu

Dans le futsal de haut niveau, les joueuses doivent posséder une solide technique individuelle pour exécuter un plan tactique sur le terrain. Lors des Tournois de Futsal des Jeux Olympiques de la Jeunesse 2018, dernière compétition de futsal féminin observée par le Groupe d’étude technique, les experts avaient constaté que de nombreuses équipes ne possédaient pas nécessairement les qualités techniques requises pour bien appliquer leur stratégie. Aux Philippines, plusieurs formations s’appuient au contraire sur une technique léchée, ce qui constitue un tremplin idéal pour toutes les joueuses qui aspirent à évoluer au plus haut niveau.

Toutefois, cette palette de compétences ne se limite pas à la technique, comme le souligne Chatah, instructrice de futsal de haut niveau pour l’AFC et superviseuse du développement du futsal féminin auprès de la Fédération Saoudienne de Football :

« Les équipes performantes sur le plan collectif ont en commun de compter dans leurs rangs des joueuses très complètes. Ces joueuses possèdent déjà tous les éléments techniques, tactiques, physiologiques et psychologiques qui s’acquièrent à l’entraînement. Elles ont aussi les qualités physiques et cognitives essentielles – vitesse, puissance, mobilité, agressivité, agilité, réactivité, prise de décision et lecture du jeu. Tous ces attributs nourrissent leur exécution technique et tactique. C’est grâce à ces joueuses que les équipes de pointe font la différence par rapport à leurs adversaires. »

Comment atteindre ce niveau ? Pour Nemčić Bojić, qui est également sélectionneuse de l’équipe de Croatie féminine de futsal, il convient avant tout de choisir une méthodologie d’entraînement qui plonge les joueuses dans des scénarios réalistes, afin de favoriser un développement global.

En outre, les exercices ne sont pas pensés de manière isolée ; ils s’inscrivent toujours dans un contexte spécifique.

« Même à l’échauffement, on peut voir que des équipes comme le Japon et le Brésil utilisent des exercices en rapport avec le match. Les exercices choisis par l’encadrement technique préparent les joueuses à des situations qu’elles rencontreront pendant le match. Tout ceci se retrouve aussi à l’entraînement. Les exercices ne sont pas pensés de manière isolée ; ils s’inscrivent toujours dans un contexte spécifique. Si l’on prend du recul et que l’on considère le développement des talents dans son ensemble, les bases techniques doivent être mises en place à 10 ou 12 ans. Ensuite, les joueuses doivent utiliser leur compétences en fonction de l’espace et du temps dont elles disposent en match. »

Acquérir différents niveaux de synchronisation

Les meilleures équipes présentes aux Philippines possèdent une autre qualité : elles sont en mesure de jouer aussi bien sur les capacités individuelles que sur des phases de coopération collectives.

Pour Nemčić Bojić, il existe trois niveaux de synchronisation au sein d’une équipe, que ce soit en phase offensive ou défensive. Chacune offre une solution différente pour résoudre les problèmes posés par l’adversaire :

  • Individuelle : une action entreprise par la joueuse elle-même (un dribble pour éliminer une défenseure avant de tirer au but, en phase offensive ; un duel gagné, une interception ou un marquage efficace, en phase défensive). Les joueuses qui disposent d’une large palette de compétences sont très appréciées, car elles sont capables de résoudre certaines situations de la manière la plus efficace possible.

  • En groupe : une action menée par deux ou trois joueuses ensemble (un dédoublement intérieur ou extérieur, un contre, une passe verticale ou diagonale). Ce niveau de synchronisation offre de nombreuses solutions aux problèmes rencontrés en match.

  • Collective : une action qui implique toute l’équipe (des permutations en fonction du système offensif, un pressing, une défense en zone ou un marquage individuel). Il s’agit là du plus haut niveau de coopération, qui requiert que toutes les joueuses agissent ensemble.

Individuelle : une joueuse peut résoudre bon nombre de problèmes à elle seule. Lors du quart de finale contre l’Italie, la pivot portugaise Janice Silva (n°8) presse ses adversaires, récupère le ballon et lobe la gardienne italienne.
En groupe : un groupe de deux ou trois joueuses peut trouver d’autres solutions. Dans cet exemple, une Brésilienne progresse balle au pied côté opposé, tandis qu’une coéquipière attaque l’espace en parallèle pour déborder la dernière défenseure.
Collective : il s’agit du plus haut niveau de synchronisation, puisqu'il implique toute l’équipe. Dans cette vidéo, les quatre joueuses de champ espagnoles permutent pour déstabiliser progressivement la défense canadienne.

Nemčić Bojić, par ailleurs également professeure adjointe à l’université de Zagreb, poursuit : « Une fois que les joueuses apprennent l’existence de ces trois niveaux et de leurs effets sur le jeu, elles commencent à comprendre quelle réponse est la mieux adaptée, en fonction de la situation. Elles exécutent alors l’action instinctivement, sans verbaliser leur intention. L’entraîneur n’a plus besoin de donner des instructions ; les joueuses trouvent la solution par elles-mêmes. En revanche, si elles ignorent tout de ces solutions collectives, elles sont condamnées à toujours rechercher l’exploit individuel, ce qui n’est pas simple. »

« Regardez la façon dont les joueuses passent le ballon et le contrôlent. Pour elles, c’est une seconde langue. C’est un mode de communication. Nous communiquons en parlant et en écoutant ; sur le terrain, elles communiquent en passant et en contrôlant le ballon. Ces échanges sont très importants car ils créent une relation entre les deux joueuses concernées. Une fois ce lien établi, elles n’ont plus besoin de réfléchir. Tout se déroule intuitivement. »

Flexibilité tactique – Conséquences

Que se passe-t-il lorsqu’une équipe associe de solides compétences individuelles à un cadre collectif commun ? Ces éléments lui permettent de réaliser deux choses importantes :

  • adopter une identité de jeu claire ;

  • ajuster son style de jeu de façon à répondre aux défis posés par chaque adversaire.

Cette capacité d’adaptation est particulièrement précieuse dans de grandes compétitions comme la Coupe du Monde, qui réunit des équipes aux approches tactiques très variées. Comme le souligne Chatah, une formation qui veut aller loin doit être capable de faire face à ces différents profils.

« Tout dépend de la créativité des joueuses sur le terrain et de leur capacité à trouver des solutions inédites face à des problèmes inhabituels, à l’intérieur d’un match et au fil des rencontres. On croise des adversaires très différents en compétition ; il faut donc être en mesure de s’adapter à toutes les situations. »

Face à la Nouvelle-Zélande, les Portugaises ont fait preuve d’une grande intelligence collective et d’une remarquable efficacité pour marquer à trois reprises en 30 secondes.

Chatah et Nemčić Bojić rappellent que la capacité d’adaptation si appréciée des entraîneurs repose sur l’alliance d’une large palette de compétences et d’un solide sens du collectif. Grâce à cette combinaison, les joueuses sont capables de lire le jeu plus intelligemment et plus fréquemment, et ainsi de garder un temps d’avance sur leurs adversaires. Les meilleures équipes ont atteint un tel niveau de synchronisation que leurs joueuses n’ont plus besoin de se parler pour trouver la meilleure solution : cette compréhension commune est le fruit d’un entraînement axé sur le jeu.

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