#Coupe du Monde de Beach Soccer 2025

Marco Octávio : évolution, ambition et un deuxième titre mondial consécutif

FIFA, 4 sept. 2025

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Remporter une Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA™ est une performance incroyable... sans parler de réussir à la conserver. C’est pourtant ce qu’a fait le Brésil lors de l’édition 2025 aux Seychelles.

La Seleção a battu des records tout au long de son parcours, notamment en n’encaissant que huit buts en six rencontres (soit une moyenne de 1,33 par match), ce qui représente le moins grand nombre de buts encaissés par l’équipe vainqueure de la compétition. Dans cet entretien à bâtons rompus, le sélectionneur Marco Octávio décrit l’approche tout en nuances qui a permis à son équipe de conserver son titre mondial.

Lire l’interview de Marco Octávio

Marco Octávio, vous venez de remporter votre deuxième Coupe du Monde de Beach Soccer en deux ans. Qu’est-ce qui rend ce titre différent du précédent ?
C’est une bonne question. L’an dernier, nous avions davantage de pression sur les épaules car le Brésil n’avait plus été champion du monde depuis 2017. Au pays, beaucoup de gens comptaient sur nous pour que l’on revienne au sommet. Et grâce à l’atmosphère de confiance que l’on a su instaurer au sein du groupe, l’équipe a rempli son contrat à Dubaï. Cette année, la principale difficulté venait du fait que nous avions remplacé quatre joueurs de l’effectif de 2024. Une décision délicate, mais dictée par notre volonté de rebattre les cartes pour créer un regain de motivation. En 2024, on nous attendait au tournant car nous restions sur deux éliminations en quarts de finale, en 2019 et 2021. À Dubaï, la victoire contre le Japon a donc été un gros soulagement, qui nous a permis d’aborder plus sereinement la suite de la compétition.

L’ambiance, l’environnement, la météo... on s’est senti bien dès le départ.

La décision de remplacer ces quatre joueurs a-t-elle été difficile à prendre ?
Au retour de Dubaï, j’ai visionné et analysé en détail tous nos matches récents, que ce soit en Coupe du Monde ou en Copa América. Choisir douze joueurs n’a pas été facile, mais pour moi, il était clair qu’il fallait emmener aux Seychelles les plus à même de nous faire gagner. Au football, il n’y a pas que le résultat final : on passe beaucoup de temps ensemble donc la personnalité des joueurs entre en ligne de compte. J’ai donc sélectionné ceux qui pouvaient apporter quelque chose sur le plan humain, qui étaient capables de jouer avec altruisme et discipline, et de suivre la stratégie fixée à chaque match. Et ça a marché.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué à propos de cette édition 2025 aux Seychelles ?
À notre arrivée à l'aéroport, nous avons été accueillis par des chants (il fredonne un air). Tous les membres de délégation étaient très émus. Ça ne pouvait pas mieux commencer ! L’ambiance, l’environnement, la météo... on s’est senti bien dès le départ.

Quel a été votre match le plus compliqué dans cette Coupe du Monde ?
Difficile à dire car toutes les équipes étaient compétitives, et nous étions dans un groupe très relevé. Dès la première journée, on a retrouvé l’Italie, notre adversaire en finale de l’édition précédente, et on savait qu'on n’avait pas le droit à l’erreur. L’ambiance était celle d’un match couperet, et mes joueurs étaient hyper concentrés. Quelque part, je pense que ça nous a aidés à bien rentrer dans cette compétition.

Cette Coupe du Monde était-elle la plus difficile que vous ayez disputée ? Et en tant que sélectionneur, avez-vous davantage senti la nécessité d’effectuer des ajustements en cours de match, plutôt que d'un match à l’autre ?
Cette Coupe du Monde était très relevée, c’est vrai. Le jeu a beaucoup évolué et chaque victoire se mérite. Nous avons passé beaucoup de temps à étudier l’ensemble des équipes, leurs forces et leur stratégie, avant de décider de l’approche à adopter pour chaque adversaire. Par exemple, on savait déjà en amont de la compétition que notre plan de jeu contre l’Italie ne serait pas le même que face au Belarus. On avait conscience de la nécessité de s’adapter aux spécificités de chaque équipe et d’explorer à chaque fois différentes pistes.

J’ai travaillé sept ans en Iran, deux ans au Belarus, et me voici au Brésil depuis trois ans, alors je suis bien placé pour savoir que chaque équipe et chaque joueur possède ses propres caractéristiques. Mais ce que l’on constate partout aujourd’hui, c’est que les joueurs de beach soccer ne sont plus uniquement des spécialistes à leur poste. Ils sont plus complets et peuvent évoluer dans toutes les zones du terrain. Les défenseurs peuvent attaquer et les attaquants savent défendre. Tous sont aussi à l’aise dans les airs que sur le sable. C’est la direction que prend le beach soccer. Quant à nos gardiens (Tiago Bobô et Teleco), on a mesuré qu’ils parcouraient plus de cinq kilomètres par match, presque autant que les joueurs de champ.

Les gardiens ne se contentent plus de défendre leurs cages. Ils jouent un rôle clé dans la construction : on leur demande d’organiser le jeu, de créer des occasions et de tenter leur chance. C’est ainsi que notre sport évolue, et nous avons des joueurs capables de tout faire bien. Cela implique un gros travail de préparation, mais au bout, ça ouvre beaucoup de perspectives en termes de stratégie.

L’importance du gardien est devenue primordiale en beach soccer, et le fait d’avoir deux portiers solides et complémentaires dans son effectif représente un avantage considérable pour un sélectionneur. Comment avez-vous utilisé vos gardiens pendant la compétition ?
Tous les entraîneurs sont désormais conscients de l’importance des gardiens, et chacun d’entre eux possède des qualités qui leur sont propres. En plus de repousser les tirs, ils doivent être capables de participer à la construction et de lire le jeu pour choisir de quel côté jouer, de manière à exploiter les failles offertes par l’adversaire. Au Brésil, nous avons la chance d’avoir quatre ou cinq gardiens d’excellent niveau, qui possèdent chacun leur style. Il y a Bobô, particulièrement fort défensivement et dans la construction, et Teleco, qui relance très vite. Mais on a aussi Giovane, remarquable dans tous les domaines, Padilha et Mão. Ensuite, il nous faut choisir celui qui s’adapte mieux à la stratégie que nous souhaitons appliquer. C’est donc un privilège pour moi de pouvoir puiser dans un tel vivier. Je trouve que Bobô et Teleco ont été très bons aux Seychelles. Pour nous, il s’agissait de les utiliser judicieusement à certains moments clés des matches, et ils ont répondu présent.

Remporter six matches dans une épreuve aussi relevée, ce n’est pas facile. Cela impliquait que les 23 membres de notre délégation soient sur la même longueur d'ondes, aussi bien en termes d’ambition que de professionnalisme.

Avec vous, le Brésil a prouvé qu’il pouvait faire évoluer sa stratégie d’une compétition à l’autre. Comment avez-vous réussi à mettre cela en place ?
Nous avons observé beaucoup de matches au cours de la saison, dans l’optique de procéder à des améliorations tactiques. Pour un entraîneur, il est essentiel de bien comprendre les caractéristiques de ses joueurs car c’est là-dessus qu’il doit s’appuyer pour définir ses principes tactiques. On ne peut pas juste se dire : « on va jouer en 1-3-1, en 1-2-2 ou en 1-2-1-1 ». Tout cela dépend des qualités et de l’intelligence des joueurs à notre disposition. Avec l’expérience, on peut effectuer des ajustements en cours de match et savoir quel système va mieux fonctionner à tel ou tel moment, mais cela doit toujours se faire en fonction des qualités et de la compatibilité des joueurs disponibles.

Comme vous l’avez dit, cette Coupe du Monde était très relevée. Selon vous, quel est le « petit truc en plus » qui a permis à votre équipe de s’imposer ?
Tout d’abord, je dois dire que nous avions un groupe exceptionnel. Il me fallait douze joueurs capables de pratiquer le fameux « jogo bonito » brésilien, mais pas seulement. Il fallait aussi des joueurs généreux et morts de faim, altruistes et fiers de porter le maillot vert-et-or. Je remercie Dieu de nous avoir aidés à faire les bons choix ! Remporter six matches dans une épreuve aussi relevée, ce n’est pas facile. Cela impliquait que les 23 membres de notre délégation soient sur la même longueur d'ondes, aussi bien en termes d’ambition que de professionnalisme.

En finale, vous avez eu fort à faire contre une excellente équipe du Belarus. À 3-3, aviez-vous une idée derrière la tête pour prendre l’ascendant ?
Évidemment ! On savait ce qui pouvait nous aider à faire la différence à ce moment-là. En demi-finale de l’édition 2024, on avait été menés 2-0 par une redoutable équipe iranienne. Je me suis souvenu de ce match dans lequel j’avais fait rentrer Brendo et Alisson, deux joueurs peu utilisés jusque-là, et qui avaient fait basculer le score en notre faveur en marquant des buts décisifs. Cette fois, on était à 3-3 en finale et je me suis dit : « Mon équipe est comme un arbre à douze fruits ». (Il sourit). Parmi ces douze fruits, il fallait trouver les plus mûrs, les plus juteux à cet instant T. Alors, j’ai choisi de faire rentrer Rodrigo, qui était particulièrement en forme dans cette compétition. J’avais décidé de le préserver afin qu’il soit au top pour les trois dernières minutes, et je l’ai associé à Brendo. Ces deux-là n’avaient pas beaucoup joué ensemble jusque-là, mais j’ai tenté le coup, et à l’avant-dernière minute, Brendo contre un ballon, Rodrigo se précipite pour le récupérer, et c’est comme ça qu'on gagne le match.

Dans le groupe, il y avait aussi des joueurs très expérimentés qui veillaient à ce que tout le monde reste concentré sur l’objectif.

Rodrigo a été magnifique dans cette Coupe du Monde. Quelle est l’importance d'un tel joueur dans un effectif ?
C’est un joueur exceptionnel, on le sait. Il a été élu meilleur joueur du monde, mais c’est aussi un chic type. Il est très humble et ne cherche pas à avoir un traitement privilégié. C’est mon capitaine, et il joue un rôle très important par le sang-froid qu’il dégage dans les moments difficiles. Même moi, j’apprends de lui ! Il est très calme, très équilibré, et en tant que sélectionneur, c’est une chance de pouvoir travailler avec quelqu’un comme lui. Il est très respecté dans le vestiaire. Dans le groupe, il y avait aussi des joueurs très expérimentés qui veillaient à ce que tout le monde reste concentré sur l’objectif.

Quel est le joueur qui vous a le plus impressionné parmi vos adversaires ?
Difficile à dire, tant il y avait de talent dans cette Coupe du Monde. J’ai eu la chance de travailler avec Ihar Brhystsel quand j’étais au Belarus, et il a vraiment été très bon. Le Portugais Bê Martins a été remarquable, de même que le Japonais Takaaki Oba. C’est un immense joueur. Les Sénégalais Mandione et Mamour Diagne m’ont fait forte impression, à l’instar des Iraniens Mohammadali Mokhtari et Ali Mirshekari, sans oublier le gardien du Belarus Mikhail Avgustov. Grâce à des joueurs comme eux, les matches ont été particulièrement agréables à regarder.

Cette Coupe du Monde a été très portée sur l’offensive, avec un total de 192 buts dans le jeu, soit 66 de plus qu’en 2024. Il y a donc eu plus de buts qu’aux Émirats arabes unis, mais aussi beaucoup de créativité dans les actions, avec à la clé davantage de variété dans la façon d’inscrire les buts. Est-ce que vous confirmez cette tendance ?
Oui, totalement, et je tiens à féliciter les sélectionneurs de tous les pays, car ils travaillent dur pour améliorer le niveau de leurs joueurs. Chaque année, nous constatons combien ils progressent. Qu’il s’agisse de la technique, des frappes, de l’exécution des retournés acrobatiques ou de l’organisation collective, développer des joueurs requiert un travail transversal. Rodrigo a beau avoir été élu meilleur joueur du monde, on continue de travailler pour le faire progresser.

Sur quoi vous-appuyez-vous pour élaborer vos stratégies ?
Je n’insisterai jamais assez sur l’importance de visionner les matches afin d’étudier les possibilités qui s’offrent. Il convient également d’analyser les caractéristiques de chaque équipe. Mais le jeu évolue, et désormais, il faudra aussi réfléchir à comment gérer le surnombre apporté par le gardien. C’est devenu un sujet récurrent chez les entraîneurs, même si les qualités propres à chaque gardien entrent en ligne de compte.

J’ai commencé à entraîner en beach soccer en 1996 et je peux témoigner de son évolution. Disons qu’on jouait surtout pour le plaisir, jusqu’à ce que la FIFA entre en jeu. Ça a été un véritable bond en avant pour la communauté du beach soccer, car nous avons pu nous professionnaliser. Les confédérations s’y sont intéressé de plus près, et la discipline a réellement commencé à se développer à ce moment-là. Des clubs et des championnats bien structurés ont vu le jour dans certains pays, et ça a été le déclic. Aujourd’hui, le jeu est beaucoup plus rapide et les joueurs plus techniques. Les pays qui ont un championnat professionnel progressent beaucoup plus vite. Ici au Brésil, 700 joueurs souhaitent pratiquer le beach, donc nous devons créer les infrastructures pour qu’ils puissent se développer.

Vous êtes entraîneur de beach soccer depuis 29 ans et avez remporté 215 titres. Qu’est-ce qui vous donne envie de continuer à faire grandir ce sport ?
Ma passion pour le beach soccer est intacte, et je pense que c’est indispensable à ce niveau. Nous réfléchissons sans cesse à la manière de faire progresser notre sport, et nous disposons pour ce faire d’outils d’analyse extrêmement précieux. Il pourrait aussi être intéressant d’organiser des événements afin que les entraîneurs puissent se réunir et discuter du jeu, car nous vivons vraiment une période passionnante pour le beach soccer.

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