Alors que les Brésiliens s’apprêtent à défendre chèrement leur titre, la Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA, Seychelles 2025™ s’annonce d’ores et déjà comme l’une des éditions les plus disputées de l’histoire de la compétition. Les 32 rencontres se joueront à la Paradise Arena, à Roche Caïman, et seront observées et analysées par le Groupe d’étude technique de la FIFA sur place pour l’occasion.
Forts de longues années d’expérience en tant que joueurs puis entraîneurs de beach soccer, Matteo Marrucci et Angelo Schirinzi apportent leur expertise au Groupe d’étude technique et travailleront en étroite collaboration avec l’équipe Analyse des performances et tendances du football afin de partager leurs précieuses observations techniques et tactiques sur notre Centre de ressources techniques. Ils produiront également un rapport post-compétition mettant en lumière les principales tendances qui auront émergé par rapport à l’édition précédente aux Émirats arabes unis.
Dans cet article, Matteo Marrucci et Angelo Schirinzi nous font part de leurs attentes vis-à-vis de cette compétition qui promet d’être palpitante.
Entretien
D’un point de vue tactique, y a-t-il des éléments sur lesquels vous serez particulièrement attentifs ?
Marrucci : Je regarderai avec intérêt la façon dont les équipes développeront le système en 1-2-2 ainsi que le rôle que les gardiens y tiendront. En 2024, ils étaient souvent une pièce maîtresse de leur équipe, aussi bien défensivement qu’offensivement. Dans certaines sélections, le gardien occupait une place déterminante dans la construction des attaques. C’était par exemple flagrant chez les Iraniens. Je suis aussi très curieux de voir les nouvelles solutions qui seront trouvées dans le système en 1-3-1.
La façon dont les équipes défendront face à une formation en 1-2-2 sera également intéressante à observer. Aux Émirats arabes unis, beaucoup de sélections avaient choisi de rester en bloc bas et de ne pas presser le gardien adverse, qui pouvait donc avoir une influence majeure sur le jeu. Cette grande liberté des gardiens devrait pousser les équipes à effectuer des ajustements. Essaieront-elles de les presser davantage ? Si oui, comment ? Ce sera passionnant à voir. Et pas seulement d’un point de vue purement tactique, mais également de l’évolution que cela entraînera sur le développement de la discipline.
Au vu de la progression de l’analyse du beach soccer, comment jugez-vous l’évolution de la discipline ces dernières années ?
Schirinzi : Le beach soccer connaît un développement très rapide, et la Coupe du Monde fait office de point de référence pour tous les entraîneurs. C’est là qu’ils peuvent évaluer le niveau de leur équipe face à ce qui se fait de mieux sur la planète et trouver de nouvelles solutions tactiques aux dernières évolutions du jeu. C’est aussi très vrai pour les joueurs, que ce soit sur le plan technique ou vis-à-vis des rôles qu'ils occupent au sein des différents systèmes.
Les champions du monde en titre brésiliens tenteront de défendre leur couronne. Comment évaluez-vous la difficulté de leur mission ?
Marrucci : Depuis la dernière édition aux Émirats arabes unis, il ne s’est écoulé que 14 mois. Le Brésil part donc une nouvelle fois favori. Il existe toutefois quelques interrogations autour de l’équipe. Marco Octávio a fait des choix forts, notamment en décidant de ne pas rappeler les cadres Datinha et Bruno Xavier. Cela n’empêche pas leur effectif de conserver beaucoup de qualité et de profondeur, ce qui est un atout indéniable dans une compétition où les matches s’enchaînent aussi vite. Et avec Rodrigo à la pointe de l’attaque, ils seront vraiment difficiles à arrêter.
Qui sont les prétendants au titre les plus dangereux pour le Brésil ?
Schirinzi : Les Portugais ont rajeuni leur effectif tout en conservant des joueurs expérimentés comme les frères Martins (Bê et Léo). Ils ont été solides en qualifications, donc ils seront de sérieux candidats.
Il y a aussi la RI Iran, troisième de l’année dernière, qui avait mené au score pendant la majeure partie de la demie face au Brésil avant de s’incliner. C’est une très belle équipe avec deux gardiens exceptionnels, Hamid Behzadpour et Seyed Mirjalili, qui ont un très bon jeu au pied.
Marrucci : Je pense qu’il faudra aussi compter sur les Italiens. Ils sont arrivés en finale l’année dernière, ce qui était une première pour la plupart des joueurs. Cette année, ils pourront s’appuyer sur cette expérience. L’équipe est encore assez jeune, mais les joueurs se connaissent très bien.
L’Espagne sera également à surveiller et je pense qu’elle peut aller loin dans la compétition.
Quelle équipe pourrait créer la surprise ?
Schirinzi : Le Belarus a des joueurs de grande qualité, aussi bien techniquement que tactiquement, avec un mental à toute épreuve. C’est une équipe bien rodée, qui a l’habitude de jouer ensemble depuis longtemps et qui a fini quatrième l’année dernière. Je les vois bien jouer les trouble-fêtes. Les Sénégalais sont aussi très forts techniquement et physiquement. Et puis il y a le Paraguay, qui a fait forte impression lors des qualifications et qui peut s’appuyer sur de bonnes individualités.
Marrucci : Je pense aussi que Tahiti cherchera à faire mieux que l’année dernière, et il y a également la Mauritanie qui a déjà créé la surprise lors des qualifications de la CAF.
Que vous inspire le tirage au sort ? Quels groupes seront les plus intéressants à suivre ?
Marrucci : Le groupe le plus intéressant et le plus difficile est le Groupe D, avec l’Italie, le Brésil, le Salvador et Oman. Ce sera passionnant de retrouver les deux derniers finalistes (Brésil et Italie) dans le même groupe, et le Salvador et Oman sont aussi deux habitués de la compétition. Ils se battront de la première à la dernière minute à chaque rencontre et sont tout à fait en mesure de gagner des matches. L’année dernière, Oman avait vraiment donné du fil à retordre au Portugal. Ce sera un groupe très relevé.
Schirinzi : Le Groupe C promet également un beau spectacle, avec l’Espagne, le Sénégal et Tahiti. Il semble assez incertain, car les trois équipes possèdent une longue histoire en Coupe du Monde de Beach Soccer et sont très compétitives. Je suis curieux de voir qui sortira de ce groupe, dans lequel le Chili aura fort à faire pour sa première participation.
Quels joueurs seront capables de faire la différence durant la compétition ?
Schirinzi : Le Brésilien Rodrigo. Je travaille avec lui depuis presque six ans maintenant. On a tout gagné ensemble et c’est vraiment un joueur de classe mondiale.
À part lui, j’ai hâte de voir les deux gardiens iraniens à l'œuvre (Hamid Behzadpour et Seyed Mirjalili), eux qui ont eu un tel impact dans le jeu l’année dernière. Du fait de leur importance tactique, ils peuvent être une des clés du parcours de leur équipe dans la compétition.
Il y a aussi Bê et Léo Martins, les deux frères portugais. À la fois tactiquement, techniquement et physiquement, ils font partie des tout meilleurs au monde et auront, eux aussi, un rôle majeur à jouer pour leur sélection.
Marrucci : L’Italien Josep Junior Gentilin a remporté le Ballon d’or adidas à l’issue de l’édition précédente et suscite beaucoup d’attentes, de même que le gardien Leandro Casapieri, qui est aussi une des pièces maîtresses de l’Italie. Je pense que l’ailier portugais Jordan Santos sera aussi à suivre. Il est l’un des meilleurs joueurs du monde. Maintenant qu’il est revenu de blessure, j’espère qu’il retrouvera le niveau qui était le sien lorsqu’il avait permis à son équipe de remporter la compétition en 2019.
L’attaquant belarusse Ihar Bryshtsel a tout pour faire une belle Coupe du Monde. C’est un joueur puissant qui pèse beaucoup sur le jeu, et il avait fini meilleur buteur l’an passé. Du côté de la RI Iran, Ali Mirshekari avait été une des grandes révélations aux Émirats arabes unis. Le capitaine japonais Ozu Moreira a toujours répondu présent dans les grands rendez-vous, et c’est à chaque fois le même régal de le voir sur le terrain. Enfin, Chiky Ardil devrait montrer de belles choses pour l’Espagne.
Que pensez-vous des Seychelles comme cadre pour la compétition ?
Schirinzi : C’est magnifique. Les Seychelles sont un endroit de rêve pour jouer au beach soccer, et leur équipe nationale peut nourrir de réelles ambitions pour la compétition. Le site est parfait pour accueillir les joueurs comme les supporters et, cerise sur le gâteau, la Coupe du Monde revient sur une île. On ne pouvait pas demander mieux.
Équipe technique
Matteo Marrucci
Matteo Marrucci dispute son premier match de beach soccer avec l’équipe d’Italie en 2011. Par la suite, il participe à trois Coupes du Monde de Beach Soccer (2011, 2015 et 2017), finissant quatrième lors des deux dernières éditions. À partir de 2017, il s’oriente vers le métier d’entraîneur, d’abord à Pisa Beach Soccer puis au poste de sélectionneur de l’équipe d’Allemagne. Avec la fin de la pandémie de Covid-19 et la reprise du beach soccer, Marrucci rentre en Italie et devient entraîneur de Catania Beach Soccer en 2021. En 2021 à Moscou puis en 2024 aux Émirats arabes unis, il suit la Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA en tant que membre du Groupe d’étude technique. Il réitère l’expérience pour Seychelles 2025, première compétition de la FIFA organisée dans le pays. Entre ces deux compétitions, son parcours l’a mené aux Pays-Bas et aux Îles Turks-et-Caicos. Il est aujourd’hui de retour à Pisa Beach Soccer, club avec lequel il a remporté le championnat et la Coupe d’Italie en 2022, ainsi que la Supercoupe en 2023.
Angelo Schirinzi
Angelo Schirinzi est l’entraîneur de l’équipe de Suisse de beach soccer et ancien entraîneur de l’équipe de Tahiti. Après avoir été footballeur professionnel, il commence à jouer au beach soccer à l’âge de 30 ans. En parallèle, il met sur pied la toute première équipe nationale suisse de beach soccer. Guidé par sa passion, il mène la sélection vers son premier titre en Championnat d’Europe en 2005. Son amour pour le métier d’entraîneur ainsi que pour la détection et la formation de joueurs font de lui l’un des pionniers de ce sport. Sa contribution en tant que membre du Groupe d’étude technique pour la Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA, Seychelles 2025 s’inscrit dans la continuité de son rôle d’expert technique de la FIFA pour le beach soccer. Il est titulaire d’une licence Pro de l’UEFA et a largement contribué à l’élaboration du Manuel d’entraînement de la FIFA pour le beach soccer 2024.
Calendrier des matches
Le Guatemala et le Japon donneront le coup d’envoi de la compétition le jeudi 1er mai. Parmi les affiches les plus alléchantes de la phase de groupes, on retrouve Italie – Brésil le samedi 4 mai, RI Iran – Portugal le 5 mai et Tahiti – Espagne le mardi 6 mai. Les quarts de finale débuteront le jeudi 8 mai, suivis des demies deux jours plus tard, pour terminer avec la grande finale le dimanche 11 mai.