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Suède : corners offensifs

FIFA, 2 août 2023

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Anna Signeul, ancienne sélectionneuse de la Finlande et de l’Écosse, a assisté au choc du groupe G entre la Suède et l'Italie pour le compte du Groupe d’étude technique. L'un des principaux atouts de la Suède lors de cette rencontre a été son efficacité sur les coups de pied arrêtés offensifs. Dans cet article, Signeul analyse la tactique des Suédoises sur corner et la façon dont elles ont utilisé ces phases de jeu pour se procurer des occasions et les concrétiser.

Quatre des sept buts inscrits par la Suède après ses deux premiers matches ont été consécutifs à un corner : un lors de son entrée en lice contre l'Afrique du Sud et trois lors du large succès des Blågult contre l'Italie (5-0). Les joueuses de Peter Gerhardsson sont conscientes que les phases arrêtées, qu’elles travaillent longuement à l’entraînement, sont un atout majeur de leur palette offensive. S'adressant aux médias après la victoire contre l’Italie, l’une des tireuses attitrées, Jonna Andersson, a expliqué comment son équipe utilise différents type de corners lors de chaque rencontre.

« Nous décidons de la façon de les jouer match par match, en fonction des points forts et des points faibles des adversaires. Aujourd’hui, nous avons cherché le premier poteau et ça a très bien fonctionné. C’est très difficile de défendre face à ce type de centres », a-t-elle indiqué.

Points clés

  • Avant de définir sa stratégie sur les corners offensifs, une équipe doit d'abord prendre en compte deux facteurs clés : ses atouts sur phase arrêtée et la structure défensive de l'adversaire sur ces mêmes phases.

  • Les déplacements et les faux appels doivent être initiés depuis des positions prédéterminées, et leur timing doit correspondre à la trajectoire du ballon anticipée.

  • L'équipe qui gagne le premier et le deuxième ballon lors d’un corner obtient un avantage significatif. 

Compositions

L’EFFICACITÉ SUÉDOISE SUR CORNER

Lors de son match contre l'Italie, la Suède a obtenu sept corners. Il sont tous été tirés rentrants vers les six mètres adverses, entre le premier poteau et la gardienne. Les joueuses de Gerhardsson ont marqué sur deux des trois corners où elles ont gagné le premier ballon, et en ont converti un troisième sur un deuxième ballon.

Déjà en réussite à une reprise sur corner contre l'Afrique du Sud, la Suède a donc inscrit quatre buts directement consécutifs à des corners lors de ses deux premiers matches de groupe. Au total, la Suède a gagné le premier ballon huit fois (40%) sur les 20 corners obtenus lors de ces deux matches, ce qui la place au-dessus de la moyenne (33%) à ce stade de la compétition.

Sur ces 20 corners, la Suède en a joué 19 directement dans la surface de réparation ; un seul ayant été joué court.

Tactique

La Suède avait deux tireuses de corner attitrées lors de son match contre l'Italie. La gauchère Jonna Andersson (2) a tiré les corners côté droit et la droitière Kosovare Asllani (9) a tiré ceux depuis la gauche.

Les Blågult ont régulièrement placé cinq joueuses dans la surface de but, une d’entre elles étant chargée de gêner la gardienne adverse. Deux autres coéquipières se positionnaient à la limite de la surface de réparation pour jouer les deuxièmes ballons ou récupérer les tentatives de dégagement adverses. Une autre joueuse se plaçait un peu plus loin derrière la surface. Les Suédoises postées à la limite de la surface devaient être prises au marquage puisqu’elles pouvaient reprendre les corners – ou les deuxièmes ballons – entre le point de penalty et la limite de la surface de réparation.

L'Italie ayant replié ses dix joueuses de champ pour défendre sur corner, la Suède ne gardait qu'une seul joueuse près de sa propre moitié de terrain pour assurer une couverture défensive en cas de contre-attaque.

Parfois, la Suède amenait une deuxième joueuse vers le point de corner. Cela incitait deux défenseures italiennes à sortir de leur surface de réparation pour empêcher de jouer un corner court.

Créer un « embouteillage » autour de la gardienne

En plaçant cinq joueuses dans la surface de but, la Suède a encombré la zone qu’une gardienne doit garder avec autorité. Les défenseures italiennes se trouvant également dans cette zone, il y avait d’autant moins d’espace pour que la gardienne puisse jouer efficacement les ballons aériens. 

La séquence ci-dessous illustre la configuration des Suédoises sur corner et leur rôle individuel. La zone visée (entre le premier poteau et la gardienne) est occupée par Amanda Ilestadt (13), Stina Blackstenius (11) et Nathalie Björn (14).

Elles couvrent également efficacement les espaces secondaires. Fridolina Rolfö (18) se poste à l'arrière de la surface de but en cas de déviation, Magdalena Eriksson (6) se place dans l'axe du deuxième poteau tandis qu’Asllani occupe l’espace un peu plus loin dans la surface de réparation.  

Comme l'explique Signeul, « elles encombrent les six mètres et placent des joueuses dans l’axe du but pour disputer les deuxièmes ballons ou attaquer tout dégagement imprécis. Avec un tel ‘embouteillage’ dans cette zone, il est très difficile pour la gardienne de sortir efficacement pour jouer les ballons aériens. »

La Suède joue un corner rentrant vers le premier poteau contre l’Italie.

Timing et qualité du corner

Il est très difficile de défendre lorsqu’un corner est bien frappé et que le timing de l’attaquante lui permet de jouer le ballon en premier. Les joueuses doivent connaître leur position de départ et les zones à attaquer. Le corner lui-même doit avoir une vitesse adéquate et une trajectoire précise. Les corners de l'arrière gauche Andersson, toujours très bien frappés, ont ainsi été déterminants. La qualité de ses corners est illustrée dans les séquences vidéo à la fin ce cette section. 

Selon Signeul, « on voit qu'elle travaille beaucoup sa technique. Sa précision et sa régularité dans cet exercice sont impressionnantes. Elle parvient systématiquement à éviter la première défenseure. Le timing d’Ilestadt est également parfait, que ce soit au niveau de ses déplacements ou de son saut. Pour pouvoir marquer, il faut maîtriser ces deux éléments. Elle a certes un avantage de taille dans les duels aériens, mais c’est surtout son timing et la précision du corner qui font la différence. »

Les séquences vidéo ci-dessous montrent les deux buts inscrits par Ilestadt directement sur corner contre l'Italie. La précision du corner et le timing d'Ilestadt donnent l’impression que ces deux buts sont des copies conformes l’un de l’autre.

Ilestadt marque de la tête à la suite d'un corner parfaitement tiré par Andersson.
Ilestadt récidive sur un corner joué de la même manière.

Deuxièmes ballons

La stratégie offensive de la Suède sur corner prenait également en compte les deuxièmes ballons. Comme mentionné par Signeul, les Suédoises encerclaient le but afin d’être prêtes à réagir rapidement sur les deuxièmes ballons. 

Dans la séquence ci-dessous, la Suède inscrit un nouveau but contre l'Italie en utilisant le même dispositif que dans les séquences précédentes. Mais cette fois, le corner d'Andersson est dévié au premier poteau par l'Italienne Barbara Bonansea (8). Rolfö est alors parfaitement placée au second poteau pour jouer le deuxième ballon et conclure.

Pour profiter au maximum des deuxièmes ballons sur corner, il est impératif de poster des joueuses dans des zones clés de la surface de but et de la surface de réparation. Ces joueuses doivent couvrir le plus d’espace possible et être prêtes à réagir rapidement si le ballon leur parvient.

Rolfö marque en reprenant un deuxième ballon au second poteau.

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